Vampires à la Havane est le troisième long métrage du réalisateur Juan Padron. Inédit en France jusqu’à présent, ce dessin animé de 1985 raconte deux histoires dont le lien est assuré par un personnage principal : Pepito. Vampire qui s’ignore, ce dernier vit avec son oncle, un scientifique qui a trouvé la formule chimique du Vampisol, grâce auquel les vampires peuvent être immuniser contre la lumière du soleil. Parallèlement, Pepito fait partie d’un groupe de révolutionnaires cubains luttant contre un dictateur.
Au niveau de son scénario, Vampires à la Havane possède un gros point fort : c’est un film à deux niveaux de lectures différents, qui s’adresse à la fois aux enfants avec une histoire captivante, et aux adultes à travers une série d’images renvoyant à l’histoire politique de la Havane. Le film démarre sur un conflit simple à déchiffrer : ayant trouvé la formule révolutionnaire du Vampisol, notre scientifique pense qu’il est de son devoir de la révéler gratuitement à la population. Mais plusieurs groupes de vampires cherchent non seulement à s’en emparer, mais aussi à tuer l’homme de science pour ensuite commercialiser le produit dans le monde entier. A peine métaphorique, on pourra éventuellement reprocher à cette critique du système capitaliste de base d’être un peu trop simpliste. Quoique…
La seconde histoire, beaucoup plus simple et directe, nous offre un petit discours antidictatorial amusant. Cette démarche du réalisateur qui mélange politique et film pour enfants est relativement semblable à celle de Quino (avec qui Juan Padron a déjà travaillé), créateur de Mafalda -petit personnage de B.D. au discours agitateur. Mais contrairement à la bande dessinée, les moyens mis en œuvre pour réaliser Vampire à la Havane sont trop légers, ce qui rend ce dessin animé assez pauvre visuellement. Ajouté à cela, une mise en scène assez approximative qui rend quelquefois l’intrigue confuse -on se demande pourquoi les deux histoires s’entrecroisent de manière aussi illogique… Mais ces quelques torts ne remettent pas en cause la singularité de ce film, amusant et subversif.