27 ans de carrière et à peine plus à l’état-civil : pas étonnant que Jodie Foster ne soit plus tout à fait ce qu’elle était…
Pas très glamour, pas très star, Jodie Foster ? C’est elle qui le dit, même si les photos qui circulent d’elle pour la promo du mauvais Contact laissent deviner que la plus frenchie des actrices américaines aimerait bien casser cette image d’intello qui lui colle à la peau depuis plus de… vingt ans ! Et d’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement, quand on joue les putes dès l’âge de 13 ans dans un film ultra-référentiel, hyper-violent et décrété culte dès sa sortie (Taxi driver, ou la new wave américaine selon Scorsese – voir photo), ou les serial-girl-killler, un an plus tard, dans La petite fille au bout du chemin, de Nicolas Gessner ? Et comme si ça ne suffisait pas pour détraquer l’ado surdouée qu’elle est, ne voilà pas qu’un type raide dingue de la petite Jodie se met bille en tête d’assassiner le président des États-Unis himself ? L’ex-acteur Reagan s’en sortira, mais son porte-parole reste cloué depuis sur une chaise roulante -bref, de quoi sérieusement déglinguer l’anti-petite fiancée de l’Amérique…
On comprend peut-être mieux pourquoi, la trentaine tout juste passée, Jodie Foster ait eu envie de prendre un nouveau départ, de se refaire une virginité ; elle qu’il nous semble avoir toujours vu et connu depuis notre naissance -et pour cause ! Deux ou trois rôles encore un peu tordus histoire d’asseoir définitivement sa réputation -non-usurpée- « d’actrice la plus douée de sa génération » (Les accusés, Le silence des agneaux, et deux oscars en poche), un passage derrière la caméra en forme de liquidation du passé (Le petit homme), et revoilà cette fille d’Hollywood rendue à sa cité natale et ses lois impitoyables du box-office. Oui, les intellos peuvent aimer aussi les grosses pâtisseries un peu indigestes…
Car, comment dire, il semble que notre Jodie bien-aimée se soit égarée, depuis quelques années, sur la voie de la standardisation. La star touche aujourd’hui 6 millions de dollars pour le mini-bluckboster Contact, tourne avec les faiseurs Zemeckis ou Donner (Maverick), quand elle était dirigée autrefois par des auteurs tels que Scorsese ou Chabrol (Le sang des autres), et aligne comme partenaires les plus ou moins sexy Gere, Gibson ou McConaughey. Sans compter la maison de production qu’elle dirige depuis 1994 (Egg pictures), et qui lui permet de monter dans un espace de liberté quasi unique sous ces latitudes les projets de son choix. Le prix à payer, peut-être, pour mieux poursuivre un parcours somme toute assez atypique et brillant. Et qui sait, Scorsese, demain…