Film très amusant et très modeste, Very bad things vaut le détour, car il continue là où les autres comédies s’arrêtent : à la frontière du bien pensant. Rarement aura-t-on vu un film jouer aussi finement avec les codes moraux et repousser les conventions du genre. Le réalisateur Peter Berg, dont c’est le premier film, s’amuse à nous faire rire là où justement il ne faudrait pas, et enchaîne les conflits et les morts jusqu’à ce que le scénario lui-même, dans cette spirale délirante, rende parodique la situation initiale et les personnages principaux. A la fois caricature cinglante de la société américaine, et caricature de l’humain tout court comme de ses penchants bestiaux, le film ne choque jamais, car on a tôt fait de rire avant. Ainsi cinq amis d’enfance partent-ils à Las Vegas enterrer la vie de garçon de l’un deux. Kyle, le futur marié, s’efforce de rester sage tandis que Boyd, le plus machiavélique d’entre eux, les pousse chaque fois un peu plus loin dans la débauche. Un peu trop loin même, car lorsqu’une strip-teaseuse arrive pour faire honneur au futur marié, Michael, l’un des cinq, sérieusement allumé, la tue accidentellement. Tous paniquent, et alors qu’Adam, le frère du fautif, les sermonne, un employé de l’hôtel rentre dans la chambre, et aperçoit le cadavre dans la salle de bain. Boyd prend l’initiative et achève l’intendant à coup de tire-bouchon dans le torse, sous l’œil horrifié de Kyle. Il y a maintenant deux cadavres dans la baignoire et, tous dans le même bain, les cinq amis décident d’aller enterrer les corps dans le désert. Mais ce n’est qu’un début…
On peut en effet reprocher au film son manque de goût, mais ce serait oublier qu’il est délibéré. On pourrait lui reprocher sa gratuité, mais après tout il se définit comme tel. Comme vous l’aurez compris, Very bad things est un divertissement comme on aimerait en voir plus souvent. Un bon produit sans aspirations quelconques. Un « pop-corn movie » jubilatoire. Produit par Christian Slater qui s’attribue assez justement le mauvais rôle, le film est excellemment interprété. Cameron Diaz et la trop rare Jeanne Tripplehorn incarnent avec grande conviction des femmes mal mariées. On appréciera autant de bonne humeur décalée dans ce film qui pousse les rebondissements jusqu’à atteindre le delirium tremens, et qui instaure dès le premier quart d’heure une tension qui ne faiblit jamais. Cynique, sympathique, malgré quelques dialogues ratés et quelques situations trop rocambolesques, Very bad things ne sera pas la plus mauvaise chose que vous pourrez voir au cinéma ces temps-ci.