Deux musiciennes françaises, plutôt versées dans l’électronique, affinant et singularisant leurs styles (le style, c’est la femme) sur deux nouveaux albums tous chauds tous beaux. On les aime bien, on en parle.
EDH (acronyme de Emmanuelle de Hericourt) qu’on avait découverte avec le parisien Hypo , ou en solo lo-fi (Predature, 2010) hantant la galaxie parisienne Clapping Music / Active Supension, en petite sœur d’Anne Laplantine, revient chez Lentonia (Video Love, Unison) plus éthérée que jamais (voix filtrées et delayées à l’extrême), mais concrétisant ici les aspects les plus saillants de sa musique : electro-pop (basslines plus ou moins calées), synth-pop (synthés des années 80), un chouïa electronica (glitches et clicks), se risquant techno tous kicks et snares dehors. Le résultat est moins chill que new-wave, rappelant les early Depeche Mode, Fad Gadget, Human League pourquoi pas, en mélodies hautement fredonnables, quasi pop, qui réchauffent le glacis cold des arrangements. Kraftwerkien toujours et badalamentesque par moments, le joliment produit Yaviz murmure le chaud (mélodies) et le froid (arrangements) sur un dancefloor sous lithium. C’est bien d’époque.
A Paris toujours, on est heureux de retrouver Sir Alice. Egérie de Tigersushi, après l’IRCAM en indé, les nuits blanches en poupée, les performances décalées, et deux albums électroniques en pendants violents et singuliers d’une Emilie Simon changée en pingouin, Sir Alice (Daquet) revient à ses primes amours (guitares et chansons) sur Pan European Recordings, invitant quelques belles figures labélisées ou d’ailleurs (Axel Krygier, Lydia Lunch, Romain Turzi, Nicolas Ker, Marcos, Gaspar Claus…). Risqué pari, équilibriste entre songwriting pop-rock (chant en avant, couplets-refrains) et expérimentations limites (l’autotune sur Il ragno), en dix îlots lyriques, courageusement insulaires.
Les deux ont en commun d’avoir développé une identité musicale de plus en plus singulière sur des albums pas si évidents : EDH en flirtant avec la techno-pop bien produite (bon, c’est pas Annie non plus), Sir Alice en délaissant les filtres savants du GRM pour une spontanéité joliment obstinée. Et puis, elles sont en concert, le 23 mars 2012 au Point FMR pour la première, un peu partout en concerts sauvages pour la deuxième. Restez au courant (d’électricité).