C’est peu dire que l’annonce de ce biopic de « Miss Maggie » n’avait rien pour rassurer. Ni son auteur, Phyllidia Lloyd, qui fut avant cela aux manettes de l’insupportable Mamma mia, ni la promesse rebattue d’une performance d’acteur taillée pour l’Oscar (Merryl Streep, pas mauvaise mais pas ahurissante non plus) et donc d’un inoffensif et sage travail d’imitation. Pas de surprise au final : le film est très exactement à la hauteur de ces attentes. Que retenir, néanmoins, de cette Dame de fer ?
Pas grand chose sinon une sous-dramaturgie au parti pris quelque peu embarrassant, Thatcher n’intéressant la cinéaste que pour l’humain-à-destinée-exceptionnelle qu’elle reste évidemment. Avant d’être un animal politique, celle-ci fut donc, aux yeux de Lloyd, rien moins qu’un modèle d’affirmation féminine – le rêve british d’une fille d’épiciers qui finit au sommet de l’État. Why not, mais après ? Quel est exactement la nature du souffle qui a motivé chez elle une ligne politique aussi raide et aveugle, et pour qui, onze années durant, les doléances d’un peuple en souffrance seront restées lettre morte ? Surtout, ce peuple, que cherche-t-il à lui dire, à faire entendre ? Qu’est-ce que ce parcours, cette carrière, ont à nous dire des problématiques politiques du pays ?
A ces questions, aucune réponse, scène et politique semblant ici naturellement étrangers. À la limite, on regrette presque qu’un Ken Loach ne s’y soit pas collé, pour un résultat symétriquement aussi partisan (close-up sur les seules victimes de l’ère Thatcher, peinture de Maggie en diable eighties), mais au moins un peu plus sale, moins repassé. Tel quel, La Dame de fer – dont les nombreuses scènes nous présentant Thatcher en vieille veuve délirante valent quand même le coup d’oeil -, restera, à l’échelle du cinéma comme de la politique, comme une épaisse soupe populaire, vraiment lourde à l’estomac.