Pour se venger de son patron et amant, une DRH de compagnie maritime (Valérie Lemercier) offre un emploi d’animateur croisière au moins brillant des candidats au poste (Frank Dubosc), véritable tourbillon de crétinerie que rien ne semble pouvoir arrêter. Il y a évidemment du Camping dans ce huis clos vacancier, mais cette fois la cible comique n’est plus tant les Français moyens en période de congés payés (l’ambiance est d’ailleurs ici plutôt jacuzzi / champagne) qu’un personnel encadrant un peu trop serré dans son uniforme – et plus généralement l’entreprise (touristique). La croisière étant inaugurale, toute la hiérarchie se retrouve sur le building flottant, y compris le grand patron – que Lemercier fera chanter -, accompagné de Madame. Le film a la bonne idée d’utiliser le mélange d’incompétence et de crânerie princière dont se nourrit le jeu de Dubosc, pour le changer en véritable don de ne pas voir les grades, à tout le moins de ne jamais y croire, ou de s’en moquer. Dubosc confond le commandant de bord et l’hôtesse d’accueil, donne du « Gégé », du « ma couille » au grand patron qu’il voit pour la première fois. Cloisonné pour les autres (cabines de l’équipage d’un côté, des croisiéristes de l’autre), l’espace est indifférencié pour l’énergumène qui se sent chez lui partout, arpente le pont en touriste, en salarié, en officier de marine. Il est assez plaisant de voir Dubosc se moquer constamment du travail et de ses valeurs : c’est d’abord de ses loisirs personnels qu’il parle à l’entretien d’embauche, avec son air penché et ses sourcils de professionnel, déjà lancé à grande vitesse sur la pente du glandage magnifique.
Mais Bienvenue à bord accomplit le triste exploit de s’inonder, lui et sa subversion, sous les giboulées de ses gags mornes, de se saborder par un montage erratique, un scénario plutôt désolant, une laideur transversale (à cet égard ne pas manquer le générique) – bref, de calibrer sa forme à la grosse comédie française telle qu’on la connaît depuis dix ans. Avec peut-être aussi un côté nanar tropézien : soleil, romantisme cheap, dialogues d’expert horloger (« Qu’est-ce qu’il fout ? – Eh ben y se fout à poil. Y va la niquer »). On pense à Michel Lang (A nous les garçons, où Dubosc fit ses premières armes). Mais l’acteur a grandit et son talent avec, il requiert aujourd’hui plus d’espace, un minimum d’aisance et de capacité de mouvement. Ce que Bienvenue à bord, suite de ronds en aquarium déguisés en traversée transatlantique, ne lui offre pas. On attend encore, pour Frank Dubosc, un auteur et/ou un cinéaste.