Contribution d’Albin Michel au Salon du Livre 2012 : la publication de ce roman inachevé de Yasunari Kawabata, qu’on peut lire comme une sorte de testament littéraire du Nobel japonais (1968), suicidé en 1972. Parmi ses ouvrages les mieux connus, et qui ont familiarisé l’Occident avec les lettres japonaises, on compte Les Belles endormies, Tristesse et beauté, La Danseuse d’Izu : écriture minimaliste, mélancolie, poésie des riens de l’existence. Les Pissenlits ne déroge pas à cette règle, et approfondi des thématiques déjà présentes dans l’oeuvre : l’enfermement, le désir et l’érotisme, la mort.
L’histoire se passe à Ikuta, « ville tranquille et vieillotte » du bord de mer, où « fleurissent les pissenlits, à profusion ». Dominant la ville, dans l’enceinte d’un temple, l’asile d’aliénés. Ineko y est conduite par sa mère et son amant résigné, Hisano. La jeune fille, qu’on ne verra jamais, est atteinte d’un mal étrange : la « cécité sporadique devant le corps humain ». Parfois, les corps devant elle disparaissent, sans explication. Après avoir quitté les médecins, la mère et l’amant repartent, discutent en chemin d’un arbre pleureur, de destinée, de folie, de magie, d’Ineko et de son histoire. Troublés par leur décision de faire enfermer la jeune fille, ils décident de rester sur place, une nuit de plus, dans une auberge modeste, avant peut-être d’aller la rechercher. Leur méditation est rythmée par le bruit de la cloche du temple que sonnent les fous, cinq fois par jour. Et leur discussion ne s’arrête jamais, les inquiétudes de l’amant éveillant celles de la mère, les souvenirs de l’un appelant ceux de l’autre dans une ronde lente, méditative, patiente, sur laquelle plane un obsédant sentiment mortuaire.