En son temps, Fait d’hiver aurait fait les choux gras des « Dossiers de l’écran ». Aujourd’hui il aurait pu être programmé avant un « Ça se discute » de Jean-Luc Delarue sur le thème de « Jamais sans mes enfants ». Dans tous les cas, seul le petit écran aurait dû accueillir cette laborieuse reconstitution d’un fait divers qui mobilisa la France des années 70. Riquier (Charles Berling) est un père qui se refuse à accepter le fait que son ex-femme ait obtenu, après leur divorce, la garde de leurs enfants. Armé jusqu’aux dents, il va se barricader avec sa progéniture dans sa maison pour protester contre cette « injustice ».
Pour rendre compte de ce siège paternel, Robert Enrico se borne à un va et vient poussif entre intérieur -la maison de Riquier- et extérieur -les alentours de cette même maison où s’agglutinent armée, journalistes et curieux. Entre ces deux pôles s’établit alors une sorte de navette institutionnelle. Riquier reçoit, tour à tour, le commandant de la gendarmerie (Jean-François Stévenin), le médecin de campagne compatissant (Claude Brasseur), ou encore le reporter à la recherche d’un scoop (Jacques Penot). Ces visites que l’on pourrait qualifier de mondaines, en d’autres circonstances, ne font que souligner la complaisance des autorités vis à vis d’un homme qui se refuse à appliquer une décision de justice. Riquier nous est présenté comme une victime privée de l’affection de ses enfants, alors que la mère Luciana (Béatrice Palme) n’a droit que furtivement à la parole, le film ne lui laissant jamais l’occasion de défendre un point de vue autre que celui du père.
Fait d’hiver est, en réalité, un film d’hommes, d’amitié virile : le commandant des opérations fût, en effet, le supérieur de Riquier lors de la guerre d’Algérie. Entre anciens combattants on ne peut donc que se comprendre… Mais cet univers masculin qui fonctionnait parfaitement dans les films d’Enrico des années 60, tels Les Aventuriers ou Les Grandes gueules, ne peut servir, aujourd’hui, de support à ce combat d’arrière garde. Fait d’hiver sent l’anachronisme à plein nez, que ce soit par sa mise en scène très « qualité française » ou encore son idéologie masculine, pour ne pas dire tout simplement macho.