Une maison au milieu du bush australien, abritée par un arbre énorme. Une famille endeuillée par la disparition du père, mort prématurément d’une crise cardiaque. La femme qui ne parvient plus à supporter seule la charge de ses quatre enfants. La cadette qui, cristallisant son deuil sur le géant vert et voyant dans le moindre bruissement de branche une possible manifestation du patriarche bienveillant, va devoir convaincre le reste de la famille de ne pas le faire abattre. La dernière production Ghibli ? Malheureusement, non…
Adapté d’un best-seller, L’Arbre se veut conte thérapeutique face au deuil, oeuvrant dans la dignité la plus mainstream et raisonnant par dédicace universelle – le film est dédié à « tous ceux qui ont passé leur enfance à crapahuter dans les arbres pour fuir le monde adulte ». Gare à qui rechignerait à se laisser bercer par le joli portrait de famille et à son coaching de vie discret. Le problème, c’est que L’Arbre lorgne davantage vers les Castors juniors que Le Baron perché, chef-d’oeuvre de Calvino qui abordait un sujet similaire, mais avec une distanciation critique qui semble ici bannie.
A force de mendier ainsi la sensibilité face à la tragédie universelle, cette débauche de bons sentiments noie vite le film sous un pathos pesant et une collection de mauvais tics de mélo. La seule scène intéressante du film voit l’arbre pénétrer avec fracas dans la chambre de la mère et l’enfermer dans un cocon de substitution. Surprenante, car filmée comme une saillie fantastique dans le réel, la séquence rehausse le traitement, que l’on croyait condamné au réalisme consensuel. Mais la greffe ne prendra pas, le panthéisme n’était qu’une coquetterie de plus. On reste très loin d’une Naomi Kawase, de sa naïveté aussi déroutante que sincère devant un sujet similaire. L’Arbre, grossière antithèse d’un chef-d’oeuvre comme Shara, a pour seul mérite de pointer ce décalage.