Sunday… gloomy sunday ? La journée finira peut-être mieux qu’elle n’avait commencé, par cette rencontre impromptue entre un SDF qui n’ose pas (se) l’avouer et une actrice complètement has been qui continue pourtant de se faire ses films… Au point de confondre le malheureux qui n’avait rien demandé avec un soi-disant fameux réalisateur qu’elle connut vaguement, autrefois… Qui est qui, chacun ne le découvrira vraiment qu’au bout d’une journée improbable, et jusque dans la nudité (âmes et des corps) la plus crue, la plus totale…
Film à la marge dans tous les sens du terme, ce premier long métrage d’un jeune cinéaste américain débarque sur les écrans français après avoir fait l’événement de quelques festivals et raflé notamment la mise à Sundance et Deauville. Aux frontières du réel et du conte, du documentaire et de la fiction, suivant au plus profond des regards des personnages admirablement ordinaires dans un no man’s land qu’on ne penserait jamais situé à New York (le quartier du Queens), voilà du tout petit ciné indépendant qui prend au cœur et aux tripes. Porté par l’écriture tendre et cinglante d’un poète (!) scénariste, James Lasdun, et une mise en scène traînant tout en langueur, sunday, gloomy sunday… Surtout, ce film nous donne à voir l’une des plus belles rencontres de cinéma de ces derniers temps. Deux solitudes réunies au milieu d’un univers suburbain gris et poisseux, deux comédiens britanniques en état de grâce : David Suchet, connu pour son Poirot télé mais par ailleurs éminent interprète shakespearien, et Lisa Harrow, elle aussi échappée, le temps d’un dimanche, de la Royal Shakespeare Company. Comme il vous plaira, donc, mais pour eux et pour tout ce qu’elle dit, cette fable fin de siècle vaut plus que le détour par les faubourgs de Big apple…