Deux familles réunies dans une maison au milieu des neiges pour fêter Noël voient leur séjour tourner au cauchemar quand les enfants, un à uns, commencent à décimer leurs géniteurs. Une maison, la neige, un jour étincelant, il y a là comme un retournement du Shining de Kubrick qui ne laissait pas d’être passionnant. Malheureusement, The Children ne se hisse jamais au delà de l’aimable téléfilm horrifique, sans réel point de vue sur son sujet (les pistes comme l’éducation, le pouvoir des adultes ou l’inceste étant abordées aussi grossièrement que dans un mauvais soap). Ce qui manque le plus à Tom Shankland, c’est un imaginaire visuel. Car au fond, au delà des péripéties elles-mêmes, ce qui fait la force du fantastique et du genre horrifique c’est qu’ils ne sont qu’images, visions, pouvoir de l’œil et des sens. Il suffit de voir les films de Rob Zombie (à titre d’exemple récent) pour voir combien les images sont à la fois d’une brutalité immédiate (c’est le propre de l’horreur) et semblent en même temps chargées d’une part d’inconscient, d’un double fond (par les vertus de la lumière, la durée d’un plan, la chorégraphie et la gestuelle barbare des personnages), qui a toujours quelque chose à voir avec une violence primordiale, la queue de Saurien dont parle Jung qui dort, tapie quelque part en nous.
Dans The Children, les lieux n’existent ainsi que comme décor, sans vie propre, sans « intériorité » et ne constituent jamais de visions de l’inconscient. Et pourtant il y avait l’occasion de faire dire à la maison quelque chose du rapport parent-enfant, de jouer sur les espaces et les proportions, sur la façon les petits se les réapproprient. Il y a bien quelques images qui font sortir le film de son esthétique télévisuelle (le sang qui se répand sur la neige ou dans les rainures du bois), malheureusement elles sont débarrassées du moindre sentiment de malaise, réduites à l’état de gadgets. Mais le plus grand ratage du film tient sans doute à la manière d’évacuer quasi systématiquement la mort des personnages. Ni frontalement, ni hors champ, ni suggéré, ni rien. Tout de même, un réalisateur qui ne sait pas filmer la mort (à l’exception notable d’un moment où le corps agonisant d’un adulte est rendu presque invisible par la neige) et semble ne jamais s’en poser la question, quelle tristesse.