Un journaliste chevronné couvre le décès d’une jeune femme écrasée par un métro. Un banal accident ? Lui flaire autre chose : comme par hasard, la victime n’est autre que l’assistante et la maîtresse d’un politicien en butte avec le lobby militaire. De simple fait divers, l’histoire va virer au scandale politique. « Ce n’est pas une histoire, c’est une affaire ! » lâche un enquêteur au journaliste fouineur. La voilà l’idée-force de Jeux de pouvoir, entrer dans ce prisme médiatique qui transforme tout en sujet, qui fictionnalise les faits pour mieux nous les vendre. Raconter plutôt que témoigner : Kevin McDonald cerne ici l’une des problématiques des médias d’aujourd’hui. Mais il n’en fait rien. A plusieurs reprises, on le sent prêt à bifurquer, créer un semblant de vertige schizoïde, mais non, il ramène tout aux impératifs du thriller, revient dans le strict balisage de son script, en bon élève appliqué.
C’est d’autant plus triste que le cinéaste s’y entend pour emballer son film-dossier. Les pièces du puzzle s’emboîtent au millimètre, Russel Crowe cabotine en vieux-pro-à-qui-on-la-fait-pas, Helen Mirren déroule en rédac chef castratrice, Rachel McAdams assure le quota sexy, le tout sans afféterie ni emphase particulière (on évite l’effet JFK), juste avec ce sens du tempo et de l’essentiel qui situe les débats quelque part entre Les Hommes du Président et un Révélations light. Une modestie sympathique qui renvoie le film à ses origines télévisuelles (au départ était une série). Mais l’y cantonne. Comme si la mécanique du script supplantait ici toute autre forme d’ambition. Rien qui dépasse dans la mise en scène, rien qui n’ait déjà été vu ailleurs, derrière son efficacité de surface, Jeux de pouvoir passe son temps à assurer le coup. Combine bien connue de ce cinéma fonctionnel, disons de scénariste, qui se contente d’huiler ses engrenages pour faire passer la pilule.