Quand les enfants du président des États-Unis et d’autres hauts dignitaires du monde entier sont kidnappés par un groupe de terroristes aux demandes délirantes mené par un leader qui a un plan machiavélique, qui est-ce qu’on appelle ? Perdu, ce n’est pas Jack Bauer. Mais en attendant son comeback au mois de mai, Crisis pourrait faire office de mise en bouche hard discount.
Tous les ingrédients de la série post-24 sont là. Le duo mal assorti de héros est composé par un agent des Services Secrets dont c’est le premier jour et d’une agent du FBI type Carrie Mathison sans les troubles mentaux. Le méchant est un rebut de la CIA qui raye une à une les étapes de son super plan pour se venger de la CIA dans son cahier brouillon – une CIA qui lui a, entre autres, fait louper l’anniversaire de sa fille. Autour de ce joli monde gravite un panel d’acteurs et d’actrices typecastés dans des rôles d’huiles du FBI, de la CIA et de tout l’alphabet du genre, et de politiciens divers et variés ajoutant à leur gamme de jeu la carte du parent prêt à tout pour revoir sa progéniture. Il y a même un ingrédient secret digne des mystérieuses épices du colonel Saunders chez KFC : tout un aspect teen show qui n’a rien à faire là mais qui prend le temps de phagocyter l’intrigue principale, faisant de Crisis une sorte de show hybride. Dans cette tentative vainement rassembleuse de coller les ados et leurs parents devant la télé, la série se perd un peu. Qui a envie de s’attarder sur les états d’âme d’ados inintéressants quand il se passe tant de choses à côté ? Les scénaristes de Crisis et … personne d’autre.
Les épisodes tournent souvent autour de dilemmes moraux qui n’en sont pas pour les parents, tandis que les héros passent pour des abrutis à plisser les yeux devant des écrans d’ordinateurs quand ils ne sont pas en train de courir ou tirer sur des méchants interchangeables qu’on croirait sortis d’un vieux Die Hard. Si la dizaine de twists de l’épisode pilote font illusion et donnent envie de poursuivre, ceux qui suivent sont pour la plupart éventés et font vite état du systématisme d’une série qui surfe sur beaucoup de vagues sans en maîtriser aucune. Peu de surprise de ce côté là puisque la série est mise en boîte par Philip Noyce (des adaptations de Tom Clancy, Salt et autres fleurons du cinéma d’action), un habitué du divertissement rondement mené qui ne cherche jamais à transcender le scénario qu’il a à mettre en images. Le budget de toute évidence réduit de la série (stockshots à gogo pour les plans d’exposition, fonds verts mal détourés, etc …) n’aide pas et ajoute une touche très nineties à la série.
Malgré son ineptie constante et son écriture cousue de fils blancs, Crisis parvient à s’imposer un rythme soutenu et à enchaîner les rebondissements et des développements d’intrigues efficaces (même si vus et revus) aptes à maintenir et surtout relancer l’intérêt de cette série qui ne dépassera pas le statut de petit plaisir coupable. Mais pour apprécier le voyage, comme à la grande époque des Jack Bauer et Michael Scofield, il ne faut pas se contenter de laisser son cerveau à l’entrée : il vaut mieux carrément le revendre chez Cash Converters …